On cassera notre réveil, On ira voir les vagues parce qu'on aura jamais sommeil, On écoutera de la musique toute la nuit, et puis toute la journée et encore toute la nuit, On connaitra jamais le mot "ennui" On ira au zoo, on essayera de leur expliquer comment s'échapper , On leur fabriquera des clés On écrira des lettres à la lune, on lui dira qu'elle nous plait. On ne débarrassera pas la table pendant plus d'un semaine, juste pour voir ce que ça fait, On fera de la magie pour arrêter la pluie On invitera les extraterrestres sur terre, On y croira très fort Et personne pourra nous convaincre du contraire. Dessins de Monsieur Gabriel Orozco
Je préfère te prévenir Tu veux qu'on s'installe ensemble? ça me va. Mais je préfère te prévenir que changer une ampoule d'halogène ou acheter des capsules Nespresso peut me prendre plusieurs mois, Qu'on va s'engueuler chez Ikea pour finalement prendre le même canapé d'angle que les six autres couples qui le regardaient. Que ce même canapé, que j'aurai mis huit heures à monter deviendra la deuxième maison de mon meilleur pote. Que quand je rentre dans un supermarché, je ressors rarement avec autre chose qu'avec une boîte de déllichoc et une bouteille d'Oasis à la fraise. Que je possède quatre-vingt-dix paires de baskets qu'il va falloir ranger et que je tourne avec trois... Fabien Prade, Jalouse n°134
Depuis toujours je prétend ne pouvoir vivre autre part que dans une ville, une vraie. Que Bruxelles est presque un village, que ce que j'aime, c'est la densité, l'immensité, la promiscuité. Et puis je me rend compte qu'il y a certains endroits dans lesquels je ne respire automatiquement pas. Et je me demande souvent comment serait l'espace si les odeurs étaient matière, si les microbes étaient visibles, si l'air était palpable. Le couloir de la gare centrale - allias le couloir de la mort- , est l'exemple type des endroits irrespirables. Si les particules odorantes étaient matière, il serait absolument impossible de passer par là. La circulation et le mouvement seraient totalement ralentis. De gigantesques masses gluantes s'entremêleraient et formeraient un gros nuage opaque brunâtre, verdâtre, jaunâtre, bref tout ce qui se termine par -âtre.